Psychologue – Mme Delphine Gilman
📍 Adresse : Rue Sous les Roches 86, 4130 Esneux
📞 Téléphone RDV : 0494 54 96 32
Le monde du travail contemporain exige des cadres, managers et dirigeants une implication sans relâche. Derrière les succès et les titres, une réalité psychologique invisible sévit : le surinvestissement professionnel. Poussé par des attentes internes et externes, ce phénomène touche un public éclairé mais vulnérable, habitué à composer avec une pression constante, jusqu’à l’épuisement. Quand donner le meilleur de soi devient une spirale infernale, les répercussions sur la santé mentale, la performance et la vie personnelle ne tardent pas à se manifester. Cet article éclaire en profondeur un sujet central de la psychologie du travail, encore souvent tabou au sommet des organisations.
Le surinvestissement professionnel désigne une implication au travail si importante qu’elle déborde des frontières saines du temps, de l’énergie, de l’affect et de la pensée. Contrairement à un simple engagement ou à la “passion” pour son métier, il s’accompagne d’un envahissement progressif de toutes les sphères de vie et d’une difficulté croissante à mettre des limites. Bien plus fréquent chez les cadres et dirigeants, il se distingue par une forme d’addiction à l’activité professionnelle et une quête souvent illimitée de perfection, avec le maintien du contrôle comme injonction essentielle.
Les cadres et managers sont particulièrement concernés pour plusieurs raisons :
Loin d’être un simple « trop travailler », le surinvestissement s’insinue doucement dans le mode de vie, jusqu’à devenir la lentille unique par laquelle la personne se perçoit et agit.
La clef pour comprendre le surinvestissement professionnel des cadres réside dans la jonction entre pressions externes et dynamismes internes. Les études en psychologie du travail montrent que certaines personnalités sont plus exposées à ce risque. Parmi les traits les plus retrouvés, on distingue :
La boucle se referme aisément : la réussite professionnelle amène une reconnaissance dopante à court terme, encourageant à redoubler d’efforts, jusqu’à l’épuisement. Selon une publication de K. van Wijhe, et al. (2013), l’engagement excessif au travail est lié à une propension à vouloir prouver sa valeur en permanence, parfois au détriment des besoins individuels fondamentaux (source).
Dans le sillage du surinvestissement professionnel, le concept de workaholism (dépendance au travail) s’est installé dans les grilles de lecture récentes. Un cadre surinvesti ne trouve plus d’autre espace que sa fonction pour combler ses besoins psychiques, entrant dans une forme d’addiction similaire à celles observées face à d’autres comportements compulsifs.
Les signes sont souvent minimisés : surcharge chronique, pensées envahissantes sur le travail en dehors des heures prévues, difficulté à lâcher prise même en congés, sentiment de vide ou d’inutilité lorsque l’on n’est pas productif. Selon Matsudaira, et al. (2013), cette dynamique addictive conduit à un cercle vicieux où les signaux de fatigue sont niés et où la mise en retrait devient source d’anxiété (source).
Nombre de managers et dirigeants restent dans le flou quant à la frontière entre engagement sain et surinvestissement pathogène. La banalisation du surtravail dans les cultures d’entreprise accentue cette confusion et renforce la “légitimation” silencieuse du processus.
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Un premier aspect paradoxal du surinvestissement professionnel est la performance à court terme qu’il procure. L’entreprise “profite” d’un individu mobilisé, disponible et efficace. Mais au fil du temps, le revers de la médaille se dévoile :
Lorsque la situation perdure, le spectre du burn-out s’étend. Le surinvestissement chronique plonge alors la personne dans une phase d’épuisement global, souvent irréversible sans prise en charge spécifique.
Pourquoi des personnes compétentes, parfaitement informées des risques, cèdent-elles si fréquemment au surinvestissement professionnel ? Les recherches psychologiques soulignent plusieurs ressorts inconscients :
Or, la société encense l’hyperactivité professionnelle et la “success story” sans souvent reconnaître les effets délétères du surinvestissement sur la santé mentale.
Le mécanisme de récompense différée est fondamental dans l’entretien du surinvestissement professionnel. Le manager ou le dirigeant s’installe dans une logique du “juste un dernier effort”, persuadé qu’une meilleure qualité de vie viendra après la finalisation de tel projet, l’atteinte d’un objectif, l’obtention d’un nouveau poste.
Or, chaque succès remonte la barre des attentes et l’instant du relâchement s’éloigne indéfiniment. Il s’agit d’un biais cognitif bien documenté, ancré dans le circuit de la dopamine : chaque micro-victoire ou reconnaissance alimente un système de gratification transitoire, menant à une quête infinie du “toujours plus”.
Aujourd’hui, la frontière entre vie professionnelle et vie privée est plus poreuse que jamais. Le télétravail, l’usage des outils collaboratifs instantanés, l’accessibilité continue aux emails propulsent le surinvestissement à un niveau inédit. L’auto-régulation demande de nouvelles compétences pour résister à la tentation d’être constamment disponible, surtout chez ceux qui occupent des fonctions de leadership.
Pour beaucoup de cadres, l’absence de coupure physique (trajet domicile-travail, portes à fermer, rituels sociaux) rend l’arrêt du travail mentalement difficile. Les notifications et sollicitations s’enchaînent à un rythme effréné. Les statistiques révèlent que la grande majorité des managers consultent leur messagerie professionnelle en dehors des horaires standards, entretenant une charge cognitive latente et une fatigue de fond.
La prévention du surinvestissement passe par la prise de conscience de signaux dits “avant-coureurs” :
Un dépistage rapide permet, dans certains cas, une correction de la trajectoire avant l’épuisement complet. L’accompagnement par un psychologue du travail formé à ce type de problématiques offre un espace de prise de recul et de réflexion indispensable, notamment pour les cadres et décideurs.
Sortir du surinvestissement professionnel n’implique pas d’abandonner ambition, implication ou excellence. Il s’agit surtout d’(apprendre à) mettre des limites claires. Quelques pistes issues des publications scientifiques et de l’expérience clinique :
Plutôt que de viser un équilibre parfait, l’important reste d’opérer des ajustements réguliers et conscients, en fonction des périodes, projets ou besoins physiologiques et psychiques de chacun.
Certaines méthodes ont fait leurs preuves, appuyées par des recherches récentes dans le champ de la psychologie positive et de la santé au travail :
Le surinvestissement professionnel peut concerner n’importe quel cadre : le reconnaître n’est ni un aveu de faiblesse, ni un symptôme d’incompétence, mais bel et bien la première étape vers un leadership équilibré et durable.
Si la prévention du surinvestissement peut (et doit) être individuelle, elle doit aussi mobiliser les structures collectives. Les directions et responsables RH ont tout intérêt à instaurer une culture de la santé psychologique, pour eux-mêmes comme pour leurs équipes :
La performance durable passe par la reconnaissance du caractère limité des ressources humaines et par l’intégration du principe de “récupération” comme gage d’efficacité à long terme.
Pour certains, le surinvestissement professionnel est le symptôme d’une crise de sens plus globale. Arrivé à un plateau ou après des années de mobilisation, se pose la question du “pourquoi”. Les consultations de psychologues du travail témoignent de ces dynamiques de remise en question, où un besoin profond de réajustement, de recentrage ou même de reconversion émerge.
Il importe alors de distinguer :
Un travail d’introspection guidé permet de clarifier les besoins réels et de poser un cadre d’action cohérent, pour ne pas confondre l’épuisement avec un “dégoût” du métier, mais permettre une transformation positive, si celle-ci s’impose.
Identifier chez l’autre des signes de surinvestissement doit conduire à une attitude de soutien et d’écoute, alliant non-jugement et vigilance. Quelques attitudes clés :
Le but est de briser l’isolement décisionnel et émotionnel, qui aggrave la spirale de surinvestissement.
Recourir à un psychologue du travail est une démarche encore trop peu valorisée chez les managers et cadres, alors que ce public bénéficie particulièrement de la neutralité et du cadre soutenant du travail thérapeutique. Le psychologue accompagne la personne à :
L’alliance thérapeutique repose sur la valorisation des ressources déjà présentes, l’élaboration d’un projet d’ajustement réaliste, ainsi que la prise de conscience qu’un leadership efficace naît du respect de ses propres limites.
Lutter contre le surinvestissement professionnel n’est pas un combat contre le travail ou l’engagement, mais contre une vision sacrificielle et unidimensionnelle de la réussite. Pour les cadres, managers et dirigeants, il s’agit d’une démarche d’équilibre de longue haleine, impliquant une régulation continue entre implication professionnelle, repères personnels et santé psychique.
L’ouverture à l’aide, la capacité à se remettre en question, l’acceptation de sa propre vulnérabilité sont les nouveaux piliers d’un leadership lucide, inspirant et pérenne. C’est en osant poser et faire respecter ses limites que l’on incarne le mieux la responsabilité, l’innovation et la capacité à fédérer… y compris dans la durée.
Références scientifiques :
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