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Un mot mal placé peut transformer tout le sens d’une phrase. Une faute d’orthographe, c’est comme une petite pierre dans une chaussure : à force, cela gêne la marche. Combien d’enfants, en silence, peinent chaque jour sur des dictées, raturent, gomment, recommencent, mais sans progrès ? Les parents s’alarment : “Pourquoi il n’y arrive pas alors qu’il est intelligent?”. Le mot tombe parfois : dysorthographie. Un diagnostic qui fait peur, qui pose mille questions. À Esneux, comme ailleurs, il existe des signaux à repérer. Un orthographe maladroite ne veut pas dire paresse ou manque de travail. Non, c’est peut-être une difficulté bien plus profonde. Alors, comment repérer une dysorthographie dès l’école ? Quand s'inquiéter ? Décortiquons ensemble ce trouble, souvent mal compris, mais qui change la vie d’un enfant.
On entend souvent parler de la dyslexie. Mais la dysorthographie, sous la même grande famille des “dys”, reste souvent dans l’ombre. Pourtant, elle concerne jusqu’à 5% des élèves, filles comme garçons, en Belgique comme ailleurs. C’est un trouble durable et spécifique de l’acquisition et de la maîtrise de l’orthographe écrite. En clair ? Ce n’est pas juste écrire “patte” au lieu de “pâte”. C’est une difficulté massive à retenir, appliquer et automatiser les règles d’orthographe d’usage (mots irréguliers), grammaticale (accords) et syntaxique (structure des phrases).
Imaginez un puzzle dont on ne verrait jamais tout le dessin. L’enfant tâtonne, cherche, se trompe, semble oublier d’une semaine à l’autre les mêmes mots. Les accords ? “Les chats dorts” au lieu de “dorment”. Le pluriel ? Volatilisé. Des lettres manquent, sont inversées. Un parent observe : “Il confond b et d, il oublie toujours les accents”. Si c’était pure distraction, cela s’améliorerait avec le temps. Mais ici, les efforts semblent tourner à vide.
La dysorthographie n’est pas causée par un manque de stimulation, de relecture ou de volonté. C’est un trouble neurodéveloppemental, ce qui signifie que le cerveau “traite” autrement les sons et la mémoire orthographique. Un bug dans le système, mais pas une panne de l’intelligence. D’ailleurs, ces enfants peuvent raconter des histoires compliquées à l’oral, être pleins d’imagination, aimer lire… sans jamais réussir à écrire “forêt” sans hésiter. Frustrant ? Oui. Pour eux surtout.
Souvent, la dysorthographie s’accompagne d’autres difficultés : dyslexie, dysgraphie (écriture manuscrite), parfois TDAH. Mais pas toujours. Parfois, elle survient seule, comme un caillou tenace dans l’engrenage scolaire.
Chiffre parlant : dans certaines classes, un enfant sur vingt souffre d’une dysorthographie marquée. Pourtant, combien passent sous le radar, suspectés à tort de paresse, de manque de méthode ? L’enjeu n’est pas uniquement orthographique. C’est une question de confiance, d’estime de soi, d’accès à la compréhension écrite. Et cela commence très tôt, bien avant le collège…
Chaque parent a déjà été témoin d’une dictée difficile. Mais comment distinguer une réelle dysorthographie d’un simple retard d’apprentissage, ou d’un manque de méthode ? Quels signaux doivent alarmer, sans tomber dans l’inquiétude excessive ? Voici des repères, précis. Si vous observez plusieurs de ces symptômes, surtout s'ils persistent malgré le soutien, une évaluation peut s’imposer.
1. Des erreurs massives et répétées malgré l’entraînement
L’enfant accumule les fautes, même sur des mots vus, revus la veille et la semaine précédente. Il ne parvient pas à retenir l’orthographe d’usage (“oiseau”, “fille”, “maison”). Vous lui rappelez, il répète… mais la semaine suivante, tout est oublié. Les mots irréguliers restent inapprochables, même par cœur. L’accord des verbes ou des participes pose problème. Le fameux “les copains est allé” apparaît, sans logique. La relecture ne corrige presque rien.
2. Des confusions de lettres et de sons
La confusion entre “b/d”, “p/q”, “f/v” est fréquente, au-delà du CP/1ère primaire. Les inversions (“propre” écrit “porpre”), les omissions de lettres (“chant” écrit “chantt” ou “chatn”) jalonnent chaque ligne. Les sons complexes sont massés : “ch” devient “sh”, “oi” devient “wa”. Les lettres muettes sont oubliées. Cela dépasse le “petit retard”, c’est une tempête régulière.
3. La fatigue et l’évitement
Plus subtil, mais révélateur : l’enfant est fatigué rapidement devant une dictée, une rédaction ou un devoir écrit. Il soupire, traîne, ruse pour éviter l’exercice. On observe une perte de confiance, voire des crises de colère. Il préfère parler que d’écrire, choisit systématiquement les phrases les plus courtes. Un cercle vicieux s’installe : qui tombe, se relève, retombe, s’essouffle…
4. Les accords et la grammaire font défaut
Pas seulement les fautes d’usage. L’enfant confond genres, nombres, conjugaisons. On lit “les filles est gentille”, “ils joue”. Même à 9 ou 10 ans, malgré les explications, les manipulations, la règle ne s’imprime pas dans le cerveau. La grammaire semble glisser sur lui, sans jamais s’ancrer. Frustrant pour les enseignants, dangereux pour l’estime de soi.
5. L’écriture manque de fluidité, mais la pensée est là
Un paradoxe saute aux yeux : l’enfant a des idées, maîtrise l’oral, comprend les histoires… mais bloque quand il s’agit de les écrire. Ses phrases restent simples, pour ne pas se tromper. Sa richesse de vocabulaire à l’oral n’est pas reflétée sur le papier. Il reste en surface, faute de pouvoir plonger dans la langue.
Évidemment, chaque enfant évolue à son rythme, et les maîtres, maîtresses adaptent. Mais ces signes, s’ils persistent six mois ou un an malgré le soutien intensif, sont une sonnette d’alarme. On le constate partout, aux alentours de Sprimont comme dans les grandes villes.
Un dernier détail : la dysorthographie peut s'inviter seule, mais parfois, elle accompagne d’autres difficultés “dys”. On observe alors des ennuis de lecture (dyslexie), d’écriture manuscrite (dysgraphie), voire de concentration ou d’attention (TDAH). Le “cocktail” varie, mais l’orthographe malmenée est un symptôme qui doit pousser à ouvrir l’œil… et le bon !
Soudain, le doute. “Est-il simplement en retard ? Trop distrait ? Ou vraiment concerné par la dysorthographie ?”. Ce questionnement, tous les parents l’ont à un moment ou un autre. La première étape, c’est l’observation. Notez, si possible, les erreurs les plus fréquentes. Gardez des exemples d’écrits – dictées, rédactions, exercices. Parlez-en d’abord avec l’enseignant. Celui-ci peut parfois proposer des adaptations, rassurer, ou bien conseiller un bilan.
Mais quand vraiment soupçonner la dysorthographie ? À partir du moment où les efforts massifs n’apportent aucune progression visible, que les erreurs sont récurrentes et massives passé le CE1/deuxième primaire, il est conseillé de consulter un logopède (en Belgique) ou un orthophoniste (en France).
Le bilan orthographique comprend plusieurs tests :
Ce bilan permet de situer la gravité, de différencier d’un simple retard ou d’une difficulté passagère. Il met en évidence les mécanismes en échec. Dans 80% des cas, c’est la mémoire orthographique qui flanche – le cerveau ne parvient pas à enregistrer l’orthographe “spéciale” de certains mots. Ou alors, le passage auditif-graphique se fait à l’envers. Pour l’enfant, un labyrinthe mental s’installe.
Après le bilan, le logopède va proposer un accompagnement sur mesure :
Mais tout ne se joue pas chez le professionnel. À la maison, quelques conseils :
À l’école, l’équipe enseignante peut proposer des adaptations pédagogiques (bénéfice du doute sur l’orthographe, suppression des pénalités en dictée, devoir allégé – le temps de progresser). Il s’agit d’éviter l’écœurement, de préserver la curiosité. On n’apprend bien que dans le plaisir… même avec quelques fautes !
Anecdote vraie : une institutrice raconte, “Il y a deux ans, Hugo n’écrivait jamais deux lignes de suite sans se tromper. En adaptant la relecture (‘lis ta phrase comme si tu étais le maître !’), il a pris confiance. Les progrès furent lents, mais solides.”
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Parler à votre enfant de ses difficultés, c’est un art ! Un concept mal amené peut créer un complexe, mal expliqué il braque. L’important, c’est d’expliquer que son cerveau fonctionne autrement. Qu’il n’est ni fainéant, ni incompétent, ni “bête” comme il le pense parfois. Vous pouvez lui dire : “Ton cerveau est comme une radio qui capte tous les sons, mais parfois, il mélange les fréquences. Avec quelques réglages, on va mieux entendre la musique.” L’image lui parle, désamorce la honte.
Le mot “dysorthographie” n’est pas une étiquette. Juste une manière de dire “on va t’aider autrement”. Les enfants sont souvent soulagés de comprendre qu’ils ne sont pas seuls. N’hésitez pas à montrer des exemples célèbres d’adultes brillants — écrivains, chercheurs, scientifiques — passés par là. Cela change tout.
Pour beaucoup, mettre un mot sur leurs maux, c’est la première marche vers la reconstruction de l’estime de soi. Et pour une famille, arrêter de se dire “on n’en fera rien”, “il n’ira pas loin”, c’est retrouver une boussole, ensemble.
“Ce n’est pas grave, il finira par apprendre !”. On entend souvent ce refrain. Parfois, il a du vrai : certains enfants rattrapent, vers 10 ou 12 ans, ce qui était laborieux à 8 ans. Mais, si la dysorthographie réelle n’est pas détectée, le risque, c’est le décrochage. Concrètement :
C’est donc une urgence douce, pas un sprint mais une course d’endurance. Mieux vaut accompagner tôt que “recoller les morceaux” plus tard.
“Il va tout de même réussir sa vie ?”. Oui, la réponse est oui. Tant qu’il est accompagné, valorisé, et jamais réduit à ses difficultés orthographiques. Avec les bons outils, peu à peu, les progrès s’installent. L’objectif ? Rendre l’enfant autonome, capable au moins de repérer ses pièges, de se relire, d’oser écrire, même si tout n’est pas parfait.
Des chiffres rassurants : après deux ans de séances ciblées en cabinet ou à l’école, 70% des enfants réduisent significativement leurs erreurs. À long terme, les difficultés n’empêchent pas de réussir des études, d’accéder à tous les métiers (avec, parfois, des logiciels de correction ou des adaptations aux examens).
Ne laissons pas une orthographe chaotique fermer la porte à la curiosité, à l’écriture, à la communication. La dysorthographie n’est pas une fatalité. C’est un défi, certes, mais pas un mur infranchissable. Enrayer le cercle vicieux, c’est offrir à chaque enfant le droit à la nuance, à l’erreur constructive, et au plaisir du mot bien choisi.
À ceux qui doutent, un conseil venu tout droit d’une logopède expérimentée : “Prenez le temps. L’accompagnement est un jardin. Il pousse lentement, mais il fleurit longtemps.”
Comment savoir si mon enfant fait juste des fautes ou est vraiment dysorthographique ?
Observez la fréquence et la nature des erreurs : un retard simple s’estompe avec le temps et l’entraînement, alors qu’en cas de dysorthographie, les fautes restent, même après de nombreux efforts. Si l’enfant oublie les règles connues, ou multiplie les erreurs sur les mêmes mots ou accords, en Belgique un bilan par un logopède est conseillé.
Pourquoi la dysorthographie apparaît-elle plus souvent chez certains enfants ?
La dysorthographie résulte généralement d’un trouble du traitement du langage écrit, d’origine neurologique, et peut être associée à la dyslexie ou à d’autres “dys”. Ce n’est pas lié au niveau d’intelligence ou au milieu familial ; certains enfants ont plus de difficultés à automatiser les règles, malgré une instruction identique.
Quand consulter un spécialiste pour une orthographe chaotique à l’école ?
Il faut consulter si les erreurs persistent au-delà de 6 à 12 mois, en particulier après la deuxième primaire (ou CE1), malgré un travail régulier à la maison et avec l’enseignant. L’avis d’un professionnel formé, aux alentours de Sprimont ou ailleurs, permettra d’objectiver la difficulté.
Faut-il informer l’enseignant ou demander des adaptations à l’école ?
Oui, il est important de dialoguer avec l’école dès qu’un trouble spécifique comme la dysorthographie est mis en évidence, afin de mettre en place des aménagements adaptés. Cela évitera à l’enfant de s’essouffler, et favorisera les apprentissages à son rythme, dans un climat de confiance.
Sillon A., "Dysorthographie : aspects cliniques et prise en charge", Revue de neuropsychologie, 2017. Un article qui explore les manifestations et les interventions spécifiques en dysorthographie.
Berninger V.W., "Development of orthographic knowledge and skills: Implications for acquisition and instruction", Reading and Writing: An interdisciplinary journal, 1998. Travaux sur l’impact des troubles d’orthographe sur la réussite scolaire.
Bosse M-L, Valdois S., "Bases cognitives de la dysorthographie", ANAE, 2004. Analyse approfondie des stratégies cognitives déficientes chez les enfants avec dysorthographie.
Sprenger-Charolles L., "Neuropsychologie cognitive des troubles d'apprentissage de la lecture et de l’orthographe", Revue de Neuropsychologie, 2011. Synthèse sur les origines neurodéveloppementales des troubles spécifiques du langage écrit.