Burn out chez les cadres dirigeants : l’épuisement discret derrière la réussite

Psychologue – Mme Delphine Gilman

📍 Adresse : Rue Sous les Roches 86, 4130 Esneux

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Burn out chez les cadres dirigeants : l’épuisement discret derrière la réussite

Pour beaucoup de cadres supérieurs, de dirigeants et de chefs d’entreprise, le mot « burn out » semblait, il y a encore quelques années, réservé aux autres. Pourtant, derrière la solidité apparente, l’assurance et la performance, le risque d’épuisement professionnel demeure une réalité préoccupante, trop souvent tue ou camouflée sous les impératifs de responsabilité. Ce phénomène, qui touche chaque année un nombre croissant de leaders de haut niveau, interpelle par sa gravité et ses conséquences profondes sur la santé, l’entreprise et le sens même du travail. Mais qu’est-ce que le burn out chez les cadres ? Quels en sont les signes, les racines spécifiques, les pièges redoutés et les leviers de prévention ou de reconstruction appropriés pour cette population ? Cet article mène une analyse approfondie de cette problématique, en s’appuyant sur la littérature scientifique et l’expérience de terrain pour mieux comprendre, détecter et prévenir ce fléau invisible.

Comprendre le burn out chez les cadres : une détresse à la fois singulière et silencieuse

Le burn out désigne un état d’épuisement intense, émotionnel, mental et parfois physique, consécutif à une exposition prolongée à des situations de stress professionnel chroniques. S’il affecte potentiellement tous les métiers, il revêt des formes spécifiques chez les populations dotées d’une forte responsabilité hiérarchique et décisionnelle.

Chez les cadres et dirigeants, le burn out se caractérise souvent par une usure invisible, s’accumulant sur des mois ou des années :

  • le surinvestissement professionnel comme norme, jusqu’au déni de la fatigue
  • un sentiment d’isolement lié au statut, à la difficulté à se confier ou demander de l’aide
  • une difficulté à distinguer la pression normale de la surcharge toxique
  • la confusion entre stress stimulant et surmenage destructeur

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le burn out n’a rien d’un simple « passage à vide ». Il s’agit d’un syndrome reconnu, défini par trois dimensions principales :

  • l’épuisement (ressenti d’être « vidé », sans ressources même après le repos)
  • le cynisme ou la distanciation vis-à-vis du travail et des équipes
  • la perte d’efficacité et le doute massif sur ses propres compétences

Loin d’être un aveu de faiblesse, le burn out chez les cadres implique une toxicité structurelle de l’environnement, liée aux impératifs du leadership moderne : hyperconnectivité, surcharge cognitive, attentes de disponibilité 24/24 et, très souvent, l’insécurité masquée derrière la réussite.

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Facteurs de risque spécifiques chez les dirigeants : quelles différences avec les autres salariés ?

L’épuisement professionnel chez les cadres supérieurs ne résulte pas uniquement d’une quantité excessive de tâches. Il s’agit d’un processus à la fois plus lent, plus complexe et souvent caché par le maintien apparent d’une efficacité au travail. Plusieurs facteurs aggravants ont été identifiés par la recherche scientifique :

  • La solitude décisionnelle : les décisions engageant l’avenir de l’activité, des emplois et la sécurité de l’entreprise reposent sur peu d’épaules. Chez les dirigeants, l’impossibilité de demander conseil sans dévoiler une fragilité augmente l’isolement et la charge psychique (Kakiashvili, R., et al., PubMed).
  • L’exigence de performance continue : dans les entreprises performantes ou en forte croissance, l’excellence constante est perçue comme la norme et non comme un objectif. Cette pression auto-entretenue mène à la surestime de ses ressources et, souvent, à une impossibilité de décrocher mentalement.
  • L’incapacité à déléguer : par perfectionnisme ou par peur du jugement, de nombreux leaders peinent à confier des missions, augmentant la surcharge et réduisant les moments de récupération cognitive réelle.
  • L’hyperconnexion et l’érosion des frontières entre vie professionnelle et vie privée : le télétravail, les outils numériques et la culture du « always on » étendent l’esprit de compétition jusque dans la sphère domestique.
  • Les logiques d’éloignement affectif : la fonction dirigeante suppose parfois la prise de décisions nuisant à autrui ou impopulaires, favorisant un processus d’érosion affective chez celui ou celle qui les porte.

L’étude dirigée par Pfeffer, J. (Harvard Business Review, 2018), montre ainsi que les dirigeants épuisés présentent un risque accru de troubles cardiovasculaires, d’anxiété chronique, de troubles du sommeil et même de symptômes dépressifs.

Signes précoces de burn out chez le manager : reconnaître, identifier, agir

Face à l’injonction de performance, la plupart des dirigeants nient ou relativisent les signaux d’épuisement jusqu’au point de rupture. Pourtant, plusieurs symptômes annonciateurs devraient alerter, permettant une réponse précoce et efficace :

  • Fatigue persistante, non soulagée par le repos ou les week-ends prolongés
  • Sauts d’humeur inhabituels, irritabilité, perte de patience avec les collaborateurs ou proches
  • Sentiment de distance émotionnelle et de désengagement, même vis-à-vis de missions auparavant motivantes
  • Dégradation des capacités de concentration, difficultés à prendre des décisions, sentiments de confusion mentale
  • Baisse de productivité effective, erreurs inhabituelles malgré un temps de présence élevé
  • Isolement relationnel grandissant (retrait progressif des réseaux d’entraide, absence d’activités extérieures à l’entreprise)
  • Apparition de troubles physiques inexpliqués : maux de tête, douleurs dorsales, troubles digestifs, insomnies

Chez les cadres, une vigilance accrue est requise de la part du cercle professionnel (associés, RH, partenaires), mais aussi de l’entourage proche. Les signaux sont souvent moins spectaculaires que chez les autres salariés : il s’agit davantage d’une « érosion de fond » que d’un effondrement brutal. Le refus d’admettre un problème, l’habitude de surmonter toute difficulté ou la honte sociale d’être « à bout » sont autant de pièges qui entretiennent le déni et retardent la prise en charge.

Enjeux du burn out pour l’entreprise et l’écosystème social du dirigeant

Les conséquences du burn out chez un dirigeant affectent non seulement l’individu mais aussi l’organisation et, par extension, l’ensemble des collaborateurs. La recherche scientifique confirme que l’épuisement d’un manager a des répercussions directes sur :

  • La performance de l’entreprise : perte de vision, errances stratégiques, démotivation collective
  • Le climat social : tensions accrues, désengagement des équipes, conflits interpersonnels liés aux sautes d’humeur du dirigeant
  • La santé financière : arrêt maladie, désorganisation temporaire, coûts de « remédiation » (coaching, recrutement temporaire, audit externe)

Au niveau personnel, le burn out peut conduire à :

  • Des ruptures familiales (séparations, éloignement parental)
  • Un repli sur soi dangereux pouvant aller jusqu’à l’idéation dépressive
  • L’émergence de comportements addictifs de compensation (alcool, médicaments, hyperactivité sportive)
  • Une altération durable de l’estime de soi, pourtant considérée comme acquise chez le leader

Il est essentiel de rappeler qu’en France et en Belgique, le burn out des dirigeants, bien que moins médiatisé, représente un enjeu majeur de santé publique, parfois sous-déclaré aux Assurances Sociales ou minimisé par les instances médicales, justement à cause du statut du patient.

Plaider pour une culture du repérage précoce et de la prévention structurée

La prévention représente la clé face à un phénomène insidieux. Les entreprises, les associations de cadres, les clubs de dirigeants se mobilisent progressivement pour instaurer une culture du care pour leurs membres à responsabilités. Plusieurs dispositifs sont encouragés :

  • Sensibilisation spécifique : formations, témoignages, ateliers abordant franchement l’usure décisionnelle et la santé mentale des managers. L’objectif est de légitimer la vulnérabilité, de lever le tabou et d’initier un dialogue ouvert.
  • Mise en place d’instances de supervision ou de co-coaching pair-à-pair : permettant aux dirigeants d’échanger sur leur vécu, leurs difficultés, sans pression hiérarchique.
  • Favoriser l’accès à des professionnels spécialisés : psychologues du travail, coachs certifiés, consultants psychosociaux, formés spécifiquement à l’accompagnement des cadres et dirigeants (voir psychologue Esneux).
  • Aménagement du temps de travail et organisation volontaire de plages déconnectées, y compris pour le dirigeant : instaurer le droit à la déconnexion doit s’appliquer du sommet à la base.
  • Promotion d’une culture de l’erreur et du feedback : intégrer l’imperfection et la demande d’aide comme axes de progression, et non comme marqueurs de faiblesse.

Il devient également nécessaire, soulignent certains chercheurs comme Maslach, C. & Leiter, M.P. (Journal of Organizational Behavior), de repenser le management en privilégiant la QVT (Qualité de Vie au Travail) des décisionnaires eux-mêmes, et non seulement des équipes managées.

Comment intervenir en cas de burn out : premières étapes et reconstruction

Lorsque le burn out est détecté, la prise en charge s’articule idéalement en plusieurs phases, adaptées à la particularité du vécu des dirigeants :

  • Mise au repos réelle : la nécessité d’une coupure stricte avec l’activité professionnelle est presque toujours indispensable, même si elle parait difficilement acceptable pour le cadre concerné. Cette phase permet au cerveau et au corps de sortir du mode « stress aigu », d’atténuer la suractivation physiologique, et de refaire des réserves.
  • Accompagnement psychothérapeutique spécialisé (avec un professionnel rompu au monde de l’entreprise et de sa culture, voir psychologue du travail pour managers) afin de travailler sur la compréhension des schémas d’épuisement, la gestion de la culpabilité, de l’image de soi et éventuellement sur de nouvelles stratégies relationnelles professionnelles.
  • Appui par les pairs ou les réseaux professionnels (groupes d’échange, clubs de dirigeants, dispositifs de mentorat), afin de sortir de l’isolement décisionnel et de replacer la situation individuelle dans une perspective collective, normalisée.
  • Évaluation médicale complémentaire (bilan sanguin, avis cardiologique, psychiatrie si besoin) devant la possible installation de troubles associés (dépression majeure, addiction, troubles anxieux chroniques).
  • Travail sur le sens et la redéfinition du projet professionnel : la reconstruction doit permettre au dirigeant de retrouver du plaisir au travail, un meilleur équilibre, et une vision à long terme, affranchie de l’illusion omnipotente qui a pu conduire à l’épuisement.

La durée de la convalescence varie grandement en fonction de l’intensité du burn out, de l’antériorité du surinvestissement et du contexte de reprise professionnelle. Mais la littérature confirme que sans accompagnement structuré et bienveillant, le risque de rechute est élevé (Maslach, C., et al.).

La place spécifique du psychologue du travail dans l’accompagnement du burn out du dirigeant

Le recours à un psychologue spécialisé dans la psychologie du travail est un levier fondamental. Ce professionnel, par sa connaissance des environnements organisationnels complexes, des enjeux de la hiérarchie et du rôle psychosocial du leadership, peut offrir un accompagnement différencié couvrant plusieurs dimensions :

  • Déconstruction des schémas mentaux dysfonctionnels (perfectionnisme, surcontrôle, peur de l’échec ou du jugement, croyances sur la norme de la surperformance)
  • Remobilisation des ressources internes et externes : estime de soi, rapport au temps, capacité à demander de l’aide, ajustement des standards au réel
  • Accompagnement dans la reconstruction identitaire : reconsidérer sa valeur professionnelle au-delà de la productivité ou du regard externe
  • Intervention préventive sur le rapport au travail dans l’organisation : formation sur le management bienveillant, analyse des risques psychosociaux auprès des équipes de direction

À Esneux et dans la région de Liège, de plus en plus de cadres se tournent vers des professionnels expérimentés pour anticiper ou surmonter cette crise existentielle contemporaine des leaders (spécialiste du burn out professionnel).

Les stratégies gagnantes pour prévenir le retour du burn out après reconstruction

Un retour au travail après un burn out réussi chez un cadre dirigeant repose sur la mise en place de stratégies concrètes, acceptées et intégrées durablement, alliant individu et organisation :

  • Refonte de l’emploi du temps : priorité aux tâches à forte valeur ajoutée, acceptation de déléguer les missions secondaires ou énergivores
  • Ritualisation des temps de pause et de déconnexion réelle, même courts mais réguliers (promenades, micro-pause, respiration consciente)
  • Redéfinition des frontières vie privée/vie professionnelle : mise en place d’espaces ou de temps sacrés (repas familiaux, sport, loisirs non négociables)
  • Recentrage sur le sens et la vision du travail : revoir la cohérence entre valeurs personnelles et projet de l’entreprise
  • Formation continue en management de soi : ateliers d’intelligence émotionnelle, coaching, formations à la gestion du stress spécifiquement adaptées aux responsabilités managériales
  • Installation d’un système d’alerte personnelle : apprendre à reconnaître les signaux faibles de surmenage et à agir avant l’enlisement

Pour la réussite de ce type de programme, l’adéquation entre le vécu du dirigeant et l’expérience du professionnel qui l’accompagne est fondamentale. Le suivi peut se poursuivre à distance ou en présentiel, en veillant à entretenir la dynamique de changement, même dans les périodes sereines.

Pour conclure : reconnaître, agir, valoriser la santé psychique des dirigeants

Le burn out des cadres dirigeants est un phénomène majeur, aussi dangereux qu’invisible, touchant un nombre croissant de leaders convaincus qu’il est « honteux » d’en souffrir. Il importe de légitimer cette souffrance, d’en prévenir la survenue par l’action collective et organisationnelle, mais aussi par un travail de conscience et d’ajustement individuel. Seule cette approche holistique, respectueuse de la singularité du vécu décisionnel, permet une reconstruction durable, facteur clé – non seulement de la santé du dirigeant – mais aussi de la performance pérenne de l’organisation qu’il anime. Plus que jamais, la santé psychique du dirigeant doit devenir un pilier central de la stratégie d’entreprise moderne.

Pour une approche professionnelle, humaine et ancrée dans la réalité du terrain, faites appel à une psychologue spécialisée  :

Psychologue – Mme Delphine Gilman

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Pour approfondir cette thématique, découvrez un  autre article sur la prévention du burn out auprès d’un public spécifique, rédigé par la même spécialiste.

Références scientifiques

Kakiashvili, R., Leszek, J., & Rutkowski, K. (2013). The medical perspective on burnout. International Journal of Occupational Medicine and Environmental Health, 26(3), 401–412. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23891445/

Maslach, C., & Leiter, M. P. (2016). Understanding the burnout experience: Recent research and its implications for psychiatry. World Psychiatry, 15(2), 103–111. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4911781/

Pfeffer, J. (2018). Dying for a paycheck: How modern management harms employee health and company performance—and what we can do about it. New York: HarperBusiness.

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